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L'histoire d'un orgue moderne

(Historique complet du grand orgue de Valognes)

Naissance d’un nouvel orgue, fruit d’une étroite collaboration

Nous sommes au début des années 1960, les travaux de reconstruction de l’édifice Saint-Malo avancent bien. Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des Monuments Historiques commence à étudier la question du nouveau mobilier liturgique, à savoir l’autel, les émaux du retable, les confessionnaux, la grande fresque, les vitraux du chœur et de la nef, les bancs et le grand orgue.

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Photographie depuis la rue de Poterie, vue sur l'église reconstruite. 

Photo : ville de Valognes, Gaby. Les années 60.

La nouvelle entrée de l'édifice.

Photo : Guillaume L-B

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Dessin de l'architecte Yves-Marie Froidevaux,

présentation du projet validé.

A l’époque, la Municipalité ainsi que l’architecte ont fait le choix de partiellement restituer l’architecture ancienne de l’église Saint-Malo. Comme Yves-Marie Froidevaux avait en charge la gestion des dommages de guerre, il fallait, pour réhabiliter l’édifice, trouver un juste équilibre en ce qui concerne le mobilier et l’immobilier. Le chœur de style flamboyant avait une particularité architecturale : les travées étaient surplombées d’un déambulatoire en «porte-à-faux de 80 cm». La charge de ces passages était reprise entre chacun des arcs brisés. Il s’agissait là d’un procédé de construction médiéval unique en France; l’architecte a donc fait le choix de reconstituer l’ensemble de cet ouvrage. En revanche, pour ce qui est de la nef, il prit la décision de ne pas la reconstruire à l’identique car elle avait peu d’intérêt en comparaison du chœur. Nef et lanterneau furent donc rebâtis au goût du jour. Nous avons affaire à une architecture dite hybride.

Ce nouvel édifice est représentatif du devenir de la ville de Valognes, une ville dont la moitié est restée intacte et l’autre a été ravagée par les bombardements des 8, 10 et 12 juin 1944. Nous pouvons parler d’une architecture «consolatrice». La nef est bâtie selon trois principes : la traduction de la nouvelle réforme de Vatican II, un espace plus ouvert, une «Église rassemblée». Quand on se trouve dans la nef sobre, le regard est naturellement guidé vers le chœur. Cette partie ancienne prend alors des allures de décor de théâtre, c’est l’endroit où il se passe quelque chose. A l’extérieur, la greffe de ce nouveau volume est d’une grande neutralité afin de ne pas jurer avec l’existant ancien.

Si l’orgue actuel est le digne remplaçant de son prédécesseur, c’est grâce à l’utilisation d’un important dommage de guerre, mais aussi à l’obligeance du sénateur-maire de l’époque, Henri Cornat, et de la Municipalité. La reconstruction partiellement moderne du lanterneau de la nef a permis d’économiser davantage de fonds pour le mobilier, dont le grand orgue. Suite à cela, Yves-Marie Froidevaux a fait appel à la plus grande manufacture d’orgues de la seconde moitié du XXe siècle afin de reconstruire un grand orgue neuf.

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Présentation de la manufacture d’orgues nantaise

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Gravure du XIXe siècle de la nouvelle manufacture

Louis-Debierre située à Nantes.

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La manufacture renommée Beuchet-Debierre, là où le grand orgue de Valognes fut construit. Photo des années 60.

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Plaque d'adresse.

Photo : Alice Beuchet

La manufacture Beuchet-Debierre, située à Nantes, est une grande Maison avec plus d’un siècle d’activité. Elle est à l’origine de plusieurs innovations dont la création de tuyaux «polyphoniques». Dans les basses, un même tuyau pouvait produire plusieurs sons différents grâce à un système de clapets modifiant la hauteur de son du tuyau. L’objectif de cette création était d’économiser le nombre de tuyaux dans l’orgue mais surtout de gagner de la place à l’intérieur des meubles. Le 18 août 1882, elle avait déposé le brevet de ce système. Dans l'histoire contemporaine, nous retrouvons par exemple ce système sur les tuyaux de 32’ pieds du grand orgue de chœur construit en 1991 par Rieger dans la cathédrale de Vienne en Autriche.

 

Quelques années plus tard, la manufacture obtient également un brevet pour la mise au point d’un système de traction électropneumatique en 1888. Le premier instrument qui utilisa ce mode de transmission électrique fut l'orgue du théâtre Graslin à Nantes, suivi en 1891 de celui de Notre-Dame-de-Bon-Port également à Nantes. Cet orgue fonctionnait avec de grands accus en verre afin de l’alimenter en électricité. Il faut savoir que la ville de Nantes à cette époque n’était pas encore électrifiée ! L’orgue était à la pointe de la technologie.

En 1980, la manufacture a cessé ses activités.

Le bâtiment construit par l'architecte M. Fraboulet est vendu

à un promoteur immobilier. Photo : Guillaume L-B (2021)

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Photo : collection Joseph Beuchet, constructeur de l’orgue de Valognes.

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Les compagnons de la manufacture d’orgues Beuchet-Debierre, Nantes

Joseph Beuchet (petit-fils du fondateur Louis-Debierre) a repris la société familiale nantaise en 1947. Il faut savoir qu’avant cela, il avait pris la direction de la succursale Cavaillé-Coll à Paris, dont il acheva les derniers chantiers avant la fermeture définitive. Cette manufacture parisienne était la plus célèbre du XIXe siècle en France, son fondateur, Aristide Cavaillé-Coll, avait travaillé sur les plus grandes orgues de France. Ce maître en la matière est l’inventeur de la scie circulaire, cet outil est désormais le plus utilisé dans les menuiseries du monde !

 

Notons que la manufacture Beuchet-Debierre a relevé et agrandi les grandes orgues de Notre-Dame de Paris, de Saint-Étienne-du-Mont, des Invalides, de la cathédrale de Nantes. Dans la Manche, de 1954 à 1972, elle construisit douze orgues neuves, sans parler de la restauration et de l’électrification des autres orgues du département.

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Les artisans de l’ombre manifestent leur joie à la tribune des orgues des Invalides, inauguré par le maître Marcel Dupré. (coll. Perso Roger 1957).

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A gauche de la photo : Roger Elain,

harmoniste du futur grand orgue de Valognes.

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Meuble des claviers, console de 3 claviers et pédalier du grand orgue de l'église N-D de Saint-Lô. 

Orgue Beuchet construit en 1968.

Les premières discussions

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Photo : La tour Eiffel. Guillaume L-B (2018)

Le choix s’est rapidement orienté vers un orgue comportant deux claviers manuels et un pédalier. Joseph Beuchet, durant le repas, dessina entre deux plats, une silhouette d’orgue sur la nappe en papier et en conserva le croquis afin de le transmettre au dessinateur de la manufacture à son retour. (Ce morceau de nappe en papier qui immortalise cette première rencontre fit conservé dans les archives de la manufacture puis, plus tard, dans les archives de la ville de Nantes).

Yves-Marie Froidevaux avait déjà travaillé avec Joseph Beuchet sur les chantiers du Mont-Saint-Michel et de l’église Notre-Dame de Saint-Lô. En 1962, ils se sont retrouvés à Paris afin de commencer les discussions concernant la reconstruction d’un grand orgue neuf pour Valognes. Comme deux hommes d’affaires, ils n'avaient guère de temps à s’accorder. Ils se sont rencontrés durant une pause déjeuner dans un bistrot parisien. Tout naturellement, ils ont conclu qu’il fallait reconstruire un orgue positionné en fond de nef (centré) et au sol afin de rester dans la démarche de la réforme de Vatican II, toujours dans cette dynamique d’ «Église rassemblée», plus proche de ses fidèles.

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Morceau de nappe en papier, premier croquis de Joseph Beuchet

pour le grand orgue de Valognes.

Trouver un emplacement

Joseph Beuchet revint vers Yves-Marie Froidevaux afin de lui présenter deux propositions de dessins de buffet élaborés le 21 mai 1962. Le premier dessin dans un style très années 70 est une amélioration du croquis réalisé quelques semaines plus tôt à Paris sur le coin de la nappe. Le deuxième est une variante plus épurée, dans un style 1930 (Art déco), qui fait écho à la forme du pignon à deux pans de la nef. 

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Copie du plan de la face intérieure du mur ouest de Froidevaux

afin d'insérer la silhouette du grand orgue. (Croquis)

En voyant ces dessins à l’échelle, Yves-Marie Froidevaux les refusa ! L’instrument, par ses dimensions, occupait une place trop importante,
l’architecte souhaitant absolument garder un emplacement pour la Vierge Marie en fresque peinte au centre de la nef. Il prit alors la ferme décision de réfléchir à un autre emplacement dans l’église et choisit alors le transept sud.

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Plan de la manufacture Beuchet-Debierre. 

Mise à l'échelle et au propre de la première idée.

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Plan de la manufacture Beuchet-Debierre. 

Mise à l'échelle et au propre de la deuxième idée. (Variante)

Il faudra attendre dix mois avant d’obtenir une nouvelle proposition : le nouveau dessin est élaboré le 7 mars 1963 et une variante le 11 avril. Tout comme les deux premières propositions, Yves-Marie Froidevaux les refuse encore ! En fait, il ne se réjouissait pas que l’orgue puisse cacher une partie architecturale de l’ancien édifice. De plus, dans les quatre coins du transept sud, se trouvent les sculptures des quatre évangélistes : l’ange pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean.

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Transept sud de l'église Saint-Malo avec les quatre évangélistes aux angles de la voûte. Photo : Guillaume L-B (2022)

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Recherches de la manufacture Beuchet-Debierre. 

Agencer une nouvelle proposition dans le Transept Sud.

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Recherches de la manufacture Beuchet-Debierre. 

La forme de l'orgue, croquis de face et de dessus.

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L'église Saint-Malo de Valognes. Côté ancien.

Photo : Guillaume L-B (2017)

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Plan de la manufacture Beuchet-Debierre. 

Mise à l'échelle et au propre de la troisième idée.

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Plan de la manufacture Beuchet-Debierre. 

Mise à l'échelle et au propre de la quatrième idée. (Variante)

Afin d’éviter de perdre davantage de temps, il proposa de réfléchir lui-même à une cinquième proposition. Il devait trouver à la fois une solution d’emplacement et une cohésion architecturale à son œuvre, au plus proche de l’édifice. C’est en 1965, le 13 novembre, qu’il trouva l’idée d’un buffet dans la nef positionné en nid hirondelle sur un podium en béton coffré dont la sous-face est largement décorée d’une empreinte singulière.

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Yves-Marie Froidevaux faisait partie de ceux qui voyaient avant tout l’orgue comme une œuvre d’art avant même de parler d’un instrument de musique. En effet, si on se fie à ce raisonnement, on considère que l’orgue est muet à 80% de son temps et actif seulement à 20%. Ainsi a-t-il a accentué son analyse sur le message que pouvait transmettre cette façade d’orgue en l’absence de musiciens organistes. Il a créé une superposition de tuyaux évoquant des voiles, c’était pour lui une façon d’honorer le dédicataire de l’église, saint Malo, arrivant sur son bateau pour convertir les peuples. Il a également souhaité que cette façade se décline en trois étages afin de symboliser religieusement l’ascension de tout être : 1er étage (la Terre), 2e (la Résurrection) et 3e (le Ciel). Nous retrouvons également une disposition de tuyaux se distinguant plus particulièrement des autres. Ce rang indépendant prend les traits d’un V comme «Victoire» et domine la face supérieure gauche du buffet.

Dessin de saint Malo venant de la mer avec en arrière-plan l'église moderne de Valognes. Guillaume L-B (2021)

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Géométral du grand orgue de Valognes (plans croquis) par Yves-Marie Froidevaux, architecte. (1965)

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Tout comme l’église, l’orgue est un des symboles de la renaissance après les terribles combats et les destructions massives du paysage urbain. Il s’inscrit dans une démarche de «mémorial» pour les générations à venir, nous rappelant ainsi le prix de la liberté.

Vue latérale de l'édifice moderne par Yves-Marie Froidevaux, architecte.

Préparation de l’avant-projet

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En juin 1966, la manufacture Beuchet-Debierre sort l’avant-projet du grand orgue de l’église Saint-Malo. Un plan composé d’une élévation de face, d’une vue de côté, d’une coupe sur projet et de deux vues zénithales de la disposition intérieure. La tuyauterie est dessinée à l’échelle, avec les bonnes proportions. Concernant le meuble des claviers, il sera placé à distance, au milieu de la nef afin que l’organiste soit au cœur de la liturgie parmi les fidèles.

Plan de la manufacture Beuchet-Debierre. 

Mise à l'échelle de la cinquième idée d'après les dessins de Froidevaux. (Juin 1966)

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Le grand orgue de l'église Saint-Malo de Valognes construit en 1969. Meuble des claviers à gauche. Photo : Guillaume L-B (2022)

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L’exécution, une réalisation très technique

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Le projet est complexe à réaliser, car les dimensions du podium imposées par l’architecte Yves-Marie Froidevaux sont très réduites. Afin de ne pas sacrifier des sonorités de l’instrument, Joseph Beuchet a dû trouver des solutions techniques inédites. De plus, un autre paramètre allait encore ajouter de la difficulté.

Podium de l'orgue. Béton coffré dont la sous-face

est largement décorée d’une empreinte singulière.

Photo : Guillaume L-B (2022)

Après la guerre, certaines matières premières comme le plomb et l’étain étaient rares et coûteuses ; il fallait trouver des astuces pour économiser le métal. Dans la tradition de la facture instrumentale des orgues, les tuyaux en façade appelés «Montre» (parce qu'on les montre) sont normalement réalisés avec un alliage étain/plomb. Cependant, à Valognes, les 142 tuyaux en façade seraient trop gourmands s’ils étaient composés de cette matière ancestrale. Joseph Beuchet fait ainsi le choix de réaliser ces derniers en zinc, un métal pur et abondant. 

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Tuyaux de façade (Montre 16'), grand orgue de l'église N-D de Cholet, construit la même année que le grand orgue de Valognes en 1969. Photo : Guillaume L-B (2021)

Cette matière a l’avantage d’être plus légère et moins coûteuse. Les tuyaux sont mats au lieu d’être brillants. Nonobstant, ce métal a l’inconvénient d’être plus délicat à travailler, il offre beaucoup moins de souplesse contrairement à l’alliage étain/plomb et s'il est trop déformé, il peut casser. Afin de gagner en aisance, les bouches et les entailles d’accord furent bel et bien réalisées avec le bon alliage afin de vaincre cette difficulté.

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Meuble des claviers du grand orgue de Valognes. Devant et arrière. Photos : Guillaume L-B (2021)

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Un orgue traditionnel fait d’une mécanique ne serait pas la solution pour Valognes. L’orgue sera conçu à l’aide d’une transmission électro-pneumatique avec des électro-aimants. Le meuble des claviers situé à distance du grand orgue nécessite ce type de transmission, il est relié à ce dernier par de longs câbles passant dans une gaine au sol. Il faut savoir qu’il s’agissait de la plus longue distance que l’on pouvait concevoir entre le meuble des claviers et le grand orgue en matière de distance du câblage et la connexion de l’électronique afin que les «notes» puissent recevoir une impulsion électro-magnétique à temps.

 

De nos jours, la technologie a bien évolué, il est possible d’avoir des consoles mobiles sur roulettes, facilement déplaçables dans un édifice et fonctionnant à la Wifi.

Comme une maison qui nécessite un vide sanitaire, l’orgue traditionnel mécanique a besoin d’un soubassement en bois pour accueillir les réservoirs d’air et les mécaniques afin de pouvoir fonctionner. A Valognes, c’est la feuille blanche ! Yves-Marie Froidevaux, par son coup de crayon a bousculé les codes traditionnels de la disposition intérieure d’un orgue. Sur ce projet, les tuyaux d’orgue doivent toucher le sol en béton. Comment alimenter ces tuyaux ? Voilà une nouvelle problématique que doit résoudre le concepteur de l’instrument. Afin de réfléchir aux meilleures solutions, l’orgue est construit à même le sol dans la halle de montage de la manufacture de Nantes, les plans sont adaptés, redessinés, repensés à chaque instant afin de réaliser le meilleur agencement possible du matériel sonore, de l’ensemble de la soufflerie et de l’équipement électronique des « jeux » (différents sons de l’orgue) et des notes.

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Les tuyaux en façade posés sur le béton. Photos : Guillaume L-B (2021)

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En temps normal, les rangs des jeux sont disposés au même endroit, du tuyau le plus grave ou plus aigu. Sur ce chantier, les rangs sont fragmentés, nous retrouvons les notes graves des jeux en façade, le médium rangé traditionnellement et parfois l’aigu à un autre emplacement. Un seul jeu peut être placé sur trois sommiers différents ! Pour cela, il fallait être certain que chaque compartiment reçoive la même pression d’air afin d’éviter que des tuyaux soient trop forts et à côté trop faibles et à nouveau forts. Ainsi, les tuyaux disposés en façade au pied du béton seront alimentés avec un système inédit, création de blocs disposés en wagon ayant à la fois une alimentation d’air en circuit ouvert, branché sur les soufflets avoisinants tout en ayant une indépendance électrique avec des électro-aimants alimentés depuis l’impulsion électrique de la source des membranes. Les blocs sous-pression viennent libérer de l’air à la demande dans une chape épaisse de 5 cm, là où sont posés les tuyaux.

Tuyaux du Boudon 16', placés à trois endroits

dans l'orgue. 

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Les fameux blocs disposés en wagon au sol. Indépendant des sommiers, celui-ci vient actionner les tuyaux en façade. Il est banché sur un réservoir d'air.

Sur la photo : réservoir d'air du Bourdon 16' 

et d'une partie de la tuyauterie de façade.

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Enfin, pour économiser encore du métal, les tuyaux étain/plomb disposés sur sommiers sont parfois faits « d’extensions». Avec un jeu, il est possible d'en créer trois ! Pour cela on prend un jeu natif fait d’un rang de 56 tuyaux et on lui ajoute 12 tuyaux graves et 12 tuyaux aigus. Cela donne un rang de seulement 80 tuyaux seulement au lieu de 3 rangs fois 56 = 168 tuyaux. L’économie est de 88 tuyaux ! Ce système ingénieux est réalisable grâce aux commandes électriques de l’orgue et permet véritablement de gagner de la place sans altérer la puissance de l’instrument. Afin de donner davantage de possibilité sonore à l’orgue, Joseph Beuchet met également en place un système « d’emprunt » de jeux. Les jeux du pédalier sont tous empruntés aux jeux du clavier du Grand Orgue, ce qui permet encore une grande économie de métal et de place.

Trompette de pédale avec ses extensions en Clairon 4' et en Bombarde 16'. Grand orgue de Valognes.

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Si vous souhaitez mieux comprendre le fonctionnement et la disposition intérieure de l’orgue, nous vous invitons à regarder la «visite virtuelle» de l’orgue de Valognes par le biais de la vidéo présente sur le site.

Inauguration de l’orgue

L’orgue est inauguré le samedi 24 mai 1969 en la collégiale Saint-Malo de Valognes. Malheureusement le sénateur-maire Henri Cornat, décédé une année plus tôt, ne put assister à cet événement qu’il avait tant attendu. Aux claviers, nous retrouvons Michel Jollivet, professeur au Conservatoire de musique et organiste à l’église Notre-Dame de Saint-Lô ; la chorale paroissiale participe au concert. A la fin du concert inaugural, Michel Jollivet fait part de son « expérience d’utilisateur ». Il suggère à Joseph Beuchet des améliorations afin que l’orgue soit davantage puissant.

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Livret d'inauguration de l'orgue. Contient 7 pages (A5).

Avant-propos, programme, composition de l'instrument, menu...

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Commentaire de Monsieur Jollivet après avoir joué le concert inaugural

de l'orgue de Valognes.

Agrandissement de l’orgue

En 1980, une restauration a été confiée aux facteurs d’orgues Bernard Dargassies et Dominique Duthoit, de Fontenay-sous-Bois. Ces travaux ont permis de dépoussiérer l’instrument, d’augmenter les pressions du vent et de revoir la distribution d’air. Les transmissions électriques démontées, nettoyées et réglées donnent une meilleure attaque dans le tirage des notes. Tous les jeux ont été entièrement revus et réharmonisés de façon plus claire et plus puissante. Le clavier de Grand Orgue a été complété de trois nouveaux jeux. Une Trompette 8 et un Clairon 4 posés en chamade apportent un éclat qu’il n’a jamais connu. Un dessus de cornet de cinq rangs (à partir du deuxième sol) a pris place derrière la façade ; il peut se jouer en solo ou bien renforcer les anches. Quant aux mixtures, elles ont subi de profondes modifications. La fourniture et la cymbale ont été remplacées par un plein-jeu de 4 à 5 rangs de style classique mieux adapté à l’instrument. Il y avait donc au total environ 2300 tuyaux. L’inauguration eut lieu le samedi 5 septembre 1981 avec de nouveau le concours de Michel Jollivet.

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Vue depuis les trompettes et clairons en chamade ajoutés en 1980.

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Tuyauterie du clavier du Grand Orgue. A gauche, ajout d'un Cornet de cinq rangs en 1980.

Relevage de l’orgue

En 1997, un relevage de l’orgue a été effectué par Monsieur Madigout pour un montant de 230 000 francs. Il s’agissait d’un nettoyage partiel. Certaines pièces comme les membranes des transmissions des notes n’ont pas été changées. Elles sont pourtant à l’origine des nombreuses défaillances que rencontra l’instrument, et encore aujourd’hui. L’orgue s’est bloqué le jour du concert inaugural ! Quelques années plus tard, Philippe Lefebvre, organiste de Notre-Dame de Paris, est venu jouer l’orgue à l’occasion d’un concert. Même constat : l’orgue a eu des défaillances de la même nature qu’à l’inauguration. 

Création d’une association

Le 20 octobre 2021, une association est créée afin d’alerter la Paroisse et la Municipalité sur l’état d’urgence dans lequel se trouve l’orgue. Depuis le dernier relevage de 1997, l’instrument n’a cessé de se dégrader en silence. Depuis 2018, l’orgue n’est plus entretenu par un facteur d’orgue. Ce sont les organistes eux-mêmes qui, bénévolement, se chargent de limiter l’agonie lente de l’orgue en accordant les jeux d’anches et à bouches, et aussi en réparant les défaillances mineures en attendant une restauration complète et sérieuse. Le 17 septembre 2023, l'orgue se tait définitivement.

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