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L'orgue est en péril

victime de plusieurs anomalies

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Comment arrive-t-on à cette situation extrême ?

Bien que pratiquement en ruines depuis 2021, l'instrument est joué tous les jours. Il est "maintenu en survie" bénévolement par les organistes : il reçoit quotidiennement des soins de première nécessité afin qu'il puisse tenir jusqu'à une restauration. 

La négligence et l'ignorance sont clairement les mots les plus appropriés pour expliquer l'état de l'orgue de Valognes. " Tant que cela fonctionne, tout va bien" . Tout comme un patient, durant les 25 dernières années, l'orgue a souffert de pathologies inconnues et montré des symptômes récurrents sans que l'on sache d'où ils venaient et pourquoi. 

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Les intervenants dans la vie d'un orgue

Un orgue (comme celui de Valognes) a la particularité d'être la propriété de la Ville (comme l'édifice), c'est elle qui a la charge de l'entretenir financièrement avec éventuellement l'aide de subventions publiques. Elle met ce bien public à la disposition du curé affectataire de la paroisse qui en a usage pour les offices religieux. Le curé ou le Conseil de fabrique a la charge de désigner un organiste titulaire (joueur professionnel ou amateur) afin de lui en donner la responsabilité de gestion. L'organiste référent peut s'entourer d'autres organistes afin de se répartir l'accompagnement de la liturgie. En cas de défaillance de l'instrument, l'organiste titulaire a l'obligeance de tenir un carnet d'entretien ayant pour objet d'informer le facteur d'orgues (sous contrat avec la Ville) des éventuelles anomalies. En général, le facteur choisi obtient un contrat de deux passages annuels. Certaines opérations comme l'accord des tuyaux ou les réglages mineurs sont pris en compte dans le présent contrat. En revanche, si l'instrument est victime d'une panne de moteur (ventilateur) ou bien d'une fuite majeure d'air condamnant l'instrument au silence, les réparations sortent du contrat d'entretien et nécessitent une intervention spéciale (devis présenté à la Mairie). Il faut savoir qu'un orgue a besoin d'un relevage tous les 25-30 ans. Cela consiste à démonter une partie de l'instrument et à effectuer la dépose totale de la tuyauterie. L'orgue est en révision pendant deux ans dans l'atelier d'une manufacture (appel d'offres), il y est dépoussiéré, réharmonisé avant d'être remonté et accordé. 

Le rôle d'une association dans la vie d'un orgue

Dans la vie d'un orgue, l'association apparaît comme un cinquième intervenant. Elle est souvent créée dans le but de porter un projet de restauration et/ou de valoriser ce bien culturel public par le biais d'évènements (concerts, visites, pédagogie). Dans le cadre d'un projet de restauration, elle va mettre en œuvre différentes actions afin de valoriser ce patrimoine musical et architectural. De plus, elle peut s'avérer un véritable soutien financier auprès de la Municipalité grâce à la générosité du mécénat privé. 

Pourquoi le grand orgue de Valognes est-il péril ?

Jusqu'à présent, l'orgue est joué quotidiennement par cinq organistes sans qu'il y ait un seul organiste titulaire référent (contrat avec la paroisse et éventuellement la Municipalité). L'instrument avait autrefois un carnet d'entretien qui, aujourd'hui, n'est plus mis à jour. Depuis 2020, l'orgue n'est également plus suivi par un facteur d'orgues. Ce dernier ne rentrait jamais en contact avec les organistes et ne prévenait pas de ses passages d'entretien. La Municipalité ignorait tout de l'état de l'instrument, n'étant en possession d'aucune information. Bilan, le dialogue entre les différents intervenants sur la vie de l'instrument est interrompu, ce qui a favorisé sa dégradation.

Le dernier relevage de l'orgue en 1997

En 1997, c’est le coup de grâce ! L’orgue subit un relevage (nettoyage) peu scrupuleux. L’ensemble de la tuyauterie n'est pas nettoyé, car la façade de l’orgue composée de 142 tuyaux dont le plus grand s’élève à 5,50 m de hauteur ne sera pas déposée. Nous pouvons parler d’une simple restauration «pansement». À l’intérieur de l’orgue, nous pouvons constater des dégradations sur le matériel sonore et également une totale négligence de l’état structurel de la charpente porteuse qui est pourtant infestée par le ver à bois. Enfin, une partie de l’électrification n’a pas été mise aux normes ; certaines commandes électroniques et électropneumatiques ne fonctionnent plus. Les membranes ayant pour mission de transmettre le mouvement des notes aux tuyaux n’ont pas été remplacées : elles sont pourtant à l’origine des inlassables cornements (notes qui coincent) qui viennent ainsi réduire à plus de 50% les possibilités sonores de l’instrument. Le jour de l’inauguration de l’orgue en 1997, les notes seront coincées plusieurs fois pendant la messe et le concert. 

"L'instrument est comme infecté de l'intérieur par un cancer en phase terminale"

Visite privée en image, bilan de l'état d'urgence dans lequel se trouve l'orgue :

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Plancher des postages effondré, tuyaux non alimentés en air, prolifération du ver à bois. (Poussière jaune du bois dégradé)

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Porte-vent (conduit en bois amenant l’air dans les soufflets et les sommiers de l’orgue) : également attaqué par le ver à bois créant ainsi des fuites et une détérioration du conduit.

Porte-vent : la même photographie six mois plus tard. Avancement de la dégradation.

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Trompettes et clairons en chamade : 1/3 des sommiers de trompette sont ravagés par le ver à bois. L’ensemble est très empoussiéré ; nous retrouvons ainsi des tuyaux bouchés et inaccordables.

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Trompettes et clairons en chamade : détail des différents ravages du ver à bois. À droite, nous pouvons apercevoir des tuyaux déformés et certains muets.

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Trompettes et clairons en chamade : détail des corps en cuivre.

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La tuyauterie en général largement empoussiérée, tuyaux désaccordés et mal harmonisés. Certains sont muets et parfois cabossés.

Tuyaux du clavier du Récit expressif.

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Tuyaux du clavier du Grand Orgue.

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L’échelle permettant d’accéder au deuxième étage. Infestée à 85% par le ver à bois, sa résistance est compromise. Elle permet d’accéder à 1/3 de l’instrument.

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Départ de l'échelle.

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Les membranes en cuir ayant pour mission de transmettre le mouvement des notes aux tuyaux sont à l’origine des nombreux cornements qui viennent ainsi réduire à plus de 50% les possibilités sonores de l’instrument. 

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La boîte expressive permet l’ouverture des jalousies ou volets du Récit expressif (tuyaux enfermés dans une boîte). Cette dernière est munie d’un système à ressorts à sept crans. Seulement deux fonctionnent. La boîte n’est plus étanche et une grande partie de l’air s’échappe.

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À droite, câblage de l’orgue sur les membranes défaillantes.

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Réservoir d’air des trompettes et clairons en chamade : le cuir de vache (blanc) est entièrement noirci par le CO2 et la pollution dus au chauffage au gaz. Ce soufflet est également atteint par le ver à bois.

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Réservoir d’air : il est alimenté par le porte-vent du clavier du Grand Orgue. Le conduit est déchiré, provoquant encore des fuites d’air. Nous retrouvons une fois de plus le ver à bois (poussière jaune).

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Nous retrouvons une partie de la tuyauterie de façade. Cette dernière est à la fois noircie et très empoussiérée.

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Certains grands tuyaux sont dégradés, les soudures sont littéralement éclatées, les tuyaux ne peuvent plus parler correctement.

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Ci-dessus : un tuyau d'origine appartenant à la famille des flûtes coniques. Il manque 1 tuyau sur les 56.

Ci-dessus : Il s'agit d'un tuyau retrouvé à la place du tuyau manquant dans la famille des flûtes coniques. C'est véritablement un tuyau bricolé qui a pour but de dissimuler la disparition sûrement involontaire du tuyau d'origine, probablement détruit accidentellement 

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Ci-dessus : Détails du tuyau étranger. Par qui ? Quelle année ? 

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A défaut d'avoir disparu, certains tuyaux d'origine sont endommagés, écrasés...

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Personne ne pouvait deviner l'étendue des dégâts derrière cette façade de tuyaux. Seul le facteur d'orgues en charge de l'entretien pouvait alerter ou prendre des initiatives en matière de prévention. 

La négligence et l'ignorance sont clairement les mots les plus appropriés pour expliquer l'état de l'orgue de Valognes. 

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